L’on vient dans tel ou tel établissement pour la table qui mérite le voyage, mérite un détour ou vaut l’étape. Je vous laisse le loisir d’apprécier la carte de celui où je viens de passer une semaine en pension complète et je réserve votre commentaire.
- Filet de colin rôti citron basilic, semoule et ratatouille, yaourt aux fruits, pain
- Soupe melon pastèque, cordon bleu volaille sauce tomate, purée de pomme de terre, camembert, Liégeois café, pain
- Pâtes italiennes (pâte, tomate, olive, pesto), Longe porc moutarde agrumes, haricots verts, crème de gruyère (Picon), beignet framboise, pain
- Potage, jambon (1 tranche) purée de pomme de terre, yaourt nature + sucre, pain
Je crois très honnêtement que c’est ici que j’ai pris quelques repas qui comptent dans une vie.
Je me souviens tout particulièrement du premier dimanche, un timide dimanche d’avril où l’on m’avait aidé, tellement j’étais faible, à beurrer mes tartines lors du petit déjeuner du matin. J’y lisais du Maupassant et nous avions échangé quelques mots, pas davantage à propos de l’écrivain.
Les repas suivants furent légers et insouciants avec mon voisin de chambre, un individu frêle tatoué plus que possible, portant les cheveux longs et d’apparence frustre. J’ai découvert en fait un être délicieux, pêcheur à la ligne (il m’a montré toutes ses prises de brochets sur son téléphone portable) doublé d’un passionné membre d’un club de moto. Nous avons mangé avec l’allégresse des gens qui n’en demandent pas davantage.
Manger, déjà seulement pouvoir manger !
J’ai le souvenir des premières hirondelles, entre-aperçues furtivement par la fenêtre de la chambre, venues chercher en Europe leur nourriture.
Manger, déjà seulement pouvoir manger !
(Hôpital de Massy, réanimation et service de chirurgie cardiaque, avril 2010)
